1993

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Corine_S_Congiu-1993- quadriptyque modulable-4 fois 130 cm x 97 cm

"Ruines, l'après Vietnam dans la survie d'un couple", de luc fritsch

" PERFORMANCE POUR 2 ACTEURS ET UN SILENCE", Création au Théâtre de l’Hôpital Éphémère, Paris 1993

1° rôle féminin Corine Sylvia CONGIU

Images peintes par Corine Sylvia CONGIU projetées sur écran géant 

 

1993- "Petit garçon à la grenade"-Hommage à Diane Arbus - 146 x 114 cm

Dessins et peintures pour la pièce de théâtre "Ruines, l'après Vietnam dans la survie d'un couple"

 La performance théâtrale "Ruines, L'Après-Vietnam à travers la survie d'un couple" (version courte) a été réalisée par Luc Fritsch, avec Corine Sylvia Congiu dans le rôle de "Lee" et Bruno Forget dans celui de

"Steve". L’espace scénographique a été élaboré en complicité entre Luc Fritsch et C.S. Congiu qui a conçu les images projetées sur un écran géant de 6 m sur 3 m, partenaire abstrait de cette "performance pour deux acteurs et un silence" (Espace Théâtre, Friche de « L'Hôpital Ephémère », Paris, mai - juillet 1994).

 

 

Texte de CS CONGIU à propos de sa création plastique :

 

 

 

Le regard de Lee

 

Pour peindre ce que Lee devait peindre, je me suis posé la question du style.

Il était hors de question que Lee eût d’emblée un style du type de celui requis par le

système contemporain des galeries : quand on entre actuellement dans une galerie, il est

obligatoire d’y trouver douze fois la même toile, à quelques nuances près sous peine de

ne pas reconnaître à l’artiste son statut même d’artiste, sa cohérence, comme s’il était

indiscutable qu’un mouvement irréversible de l’histoire de l’art impose la série comme

unique possibilité d’expression de l’oeuvre, obligeant l’artiste au maniérisme de se copier

lui-même.

Lee n’est pas une « artiste » de base, dans le sens où les institutions reconnaissent

aujourd’hui ce qui fonde une artiste comme telle. Lee n’est pas guidée par l’ambition de

réussir dans un système donné. Lee est libre.

Libre de chercher réellement, désespérément, un médium salvateur, et pour elle, et pour

Steve, et pour les milliers de vétérans au nom desquels elle décide de combattre. Son

oeuvre n’est pas le repli égotique de quelqu’un qui ne chercherait qu’à s’exprimer,

exprimer son individualité en imposant sa patte, sa manière, pour être reconnue par les

institutions contemporaines.

Elle retrouve par là, je pense, une fonction essentielle de l’art, qui est de défendre un sujet

et non plus seulement une forme, de s’adresser à la fois à un public concerné par ce sujet

(les vétérans), à la fois à un public qu’elle doit essayer de concerner : « … les autres, tous

les autres … ».

Lee est confrontée aux images revenues du Vietnam à leur puissance d’horreur, à

l’instant pris sur le vif, sans dénégation possible, isolé de contexte, cette histoire du

moment volé.

Les images qu’elle crée ont des buts divers, mêlés, plus ou moins conscients.

Certaines sont des électrochocs à l’usage de Steve, accusatrices. Inquisitrices.

Certaines nous exposent les visages pleins de candeur de ces jeunes appelés de dix-huit

ans qu’il est difficile d’imaginer perpétrant les horreurs juxtaposées.

Certaines ressemblent à un carnet de souvenirs et d’impressions (grandes toiles carrées)

superposant des formes d’écritures (lettres, graffiti pris sur les casques et Zippo, gravure

du Mémorial), traces de vie et de mort constatées.

Lee cherche dans tous les sens. Et même si les images choisies au final par le metteur en

scène pour être insérées dans la performance, montrent une certaine cohérence de

facture, cohérence née de l’obsession et des matériaux trouvés en cours de route et

retravaillés en photocopies, j’ai voulu exposer ici toute la production de Lee, toute la

production de Corine Sylvia Congiu entrée en Lee comme en religion.

Au risque d’être taxée d’incohérence, de manque d’homogénéité, j’ai voulu ici faire part de

la totale remise en question de ma production habituelle, résolument abstraite, sagement

présentée en globalités homogènes aux galeries.

 

 

Corine Sylvia Congiu, Juin 1994

Ci-dessus répétitions de "Ruines" avec Vincent Bardoux dans le rôle de Steve, Corine Sylvia Congiu dans le rôle de Lee, photographies de Georges Le Moal

Trois vétérans de la Guerre du Vietnam posant spontanément devant la toile de Corine Sylvia CONGIU.

Représentants de diverses associations officielles de Vétérans du Vietnam (infanterie et US Marines Corps) qui sont venus, en délégation, à Paris afin de voir notre travail.

Photographies Corine Sylvia Congiu